lundi 5 janvier 2009

Guerre Hamas-Israël... pour comprendre la situation actuelle.

Il était une époque où l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) n'avait comme seul moyen pour se faire entendre et reconnaître que ceux qui passaient par la violence totale en détournant des avions de ligne et en prenant les passagers (innocents) en otages puis en les exécutant. Yasser Arafat était alors considéré par bon nombre de dirigeants du monde dit « civilisé »comme un « dangereux terroriste » et Israël ne voulait surtout pas entrer en pourparlers avec lui ou rencontrer l'un de ses émissaires.

Puis l'Histoire a finalement donné raison à Yasser Arafat qui est devenu raisonnable puis respectable avant d'obtenir la reconnaissance internationale. C'est ainsi que Yasser Arafat est devenu le seul et incontournable interlocuteur des Israéliens ce qui n'a pas toujours été sans heurts au sein même des mouvements politiques palestiniens où de « nouveaux » extrémistes ont rapidement contesté sa politique, ses positions, ses ouvertures, ses acceptations de paix avec l'ennemi héréditaire, sa politique de la main tendu et ses acceptations des offres de bons offices américano-européens.

Yasser Arafat disparu, les « territoires occupés » morcelés et souvent ceints d'un « nouveau mur de la honte », la Bande de Gaza a été réduite à sa plus simple expression (100km sur 40 de large) où la pauvreté règne en maître absolue. C'est dans ces conditions là que le Hamas s'est installé et a su gagner la confiance des populations.

Cette bande de terre de Gaza n'est qu'un immense camp de réfugiés, désœuvrés, dont la jeunesse inoccupée est sans espoir. Ce n'est aussi qu'une suite de ruines qui servent d'abris à plus d'un million de personnes qui « survivent » dans des conditions telles qu'aucun européen, aucun américain même d'une très grande pauvreté n'accepterait d'y survivre, où l'eau des quelques puits qui restent est systématiquement empoisonnée par l'armée israélienne, les quelques arpents de jardin potagers systématiquement saccagés par les tirs de rétorsion israéliens, la pèche et l'accès aux plages interdits et qui subit de façon sporadique, aléatoire ou continue les alertes nocturnes, le couvre-feu et autres interdictions de circulations, d'entrées ou de sorties, y compris pour les malades, les vieillards ou les accouchements...

Le Hamas, dont l'acronyme partiel signifie en arabe « mouvement de résistance islamique » est une branche des Frères Musulmans qui n'a de cesse que d'instaurer sa suprématie par la violence.

Dès le début le mouvement des Frères Musulman a œuvré pour l'établissement d'une suprématie religieuses sur le politique, luttant contre les occupants d'hier (Turcs, Anglais, …) puis Israéliens aujourd'hui et Américains (en Irak comme en Afghanistan). Mouvement à la fois guerrier et religieux, manipulant aussi bien le sabre, que la charité (un des piliers du Coran), le Hamas a su s'adapter aux évolutions sociales en présentant un visage « démocratique », acceptant les systèmes modernes d'élections. Mais dans des zones où l'argent fait largement défaut, par un système de subventions, de dons, de distributions de nourritures et médicaments, ses dirigeants ont aussi su s'allier les populations démunies de tout et par les prébendes, le clientélisme et la prévarication ils ont su gagner de nombreux suffrages. Issus du mouvement Sunnite, sous l'impulsion de chefs charismatiques souvent morts en héros, le Hamas a su habillement transformer des actions caritatives et sociales en un véritable mouvement de résistance armé, utilisant ses armes de la démocratie pour accroître et installer une forme « d'autorité incontournable » difficilement contestable mais si souvent détournée de sa légitimité.

C'est le Hamas qui a inventé l'Intifada, une « guerre » contre la police et l'armée israélienne, bien protégée derrière les blindages de ses véhicules, attaqués à coup de pierres par des enfants et des adolescents pour qui cela a débuté comme une sorte de jeu pour se finir dans le sang des martyrs et des héros. Or c'est bien connu, le sang ne peut être vengé que par le sang. Ainsi a (re)démarré une escalade qui ne peut-être que sans fin. Ainsi s'attache-t-on de fidèles futurs combattants... et électeurs.

Vainqueur des dernières élections législatives (2006), le Hamas est devenu du même coup et naturellement un partenaire gouvernemental incontournable. Mais loin d'être célébrée par la communauté internationale, cette victoire l'a entraîné dans une pente dangereuse. Sous l'impulsion d'Israël, la communauté internationale a tenté de faire pression sur le Hamas pour lui faire renier et condamner la violence à l'égard d'Israël. Vainement. Alors, pour mieux contraindre le Hamas, la communauté internationale et Israël ont-ils mis en place des mesures de rétorsion économique, de boycott et blocus qui ont été les seules réponses politiques adoptés à l'encontre principalement de la bande de Gaza, son fief. Un territoire qui de très pauvre est passé au rang d'extrêmement pauvre. Et quelles solutions pouvait s'offrir aux jeunes dans de telles conditions ? Quand à longueur de journée vous êtes désœuvré, bloqué dans un périmètre où le moindre déplacement à l'extérieur (quand ils sont exceptionnellement autorisés ou tolérés) se font après moult tracasseries administratives, contrôles militaires et fouilles au corps... qu'il n'y a ni perspectives de travail, d'avenir ni véritable possibilités de formations alors qu'à côté de vous, à quelques dizaines de kilomètres, voire quelques centaines de mètres, tout ou presque est opulence, liberté, études et modernité.

Les seules « formations » sont dispensées au sein des écoles coraniques où l'endoctrinement sert malheureusement plus souvent de base qu'une véritable éducation, un endoctrinement qui attise et entretien la haine de l'ennemi héréditaire et pour mieux recruter de nouveaux combattants, de futurs martyrs à la Cause, de substantiels subsides sous forme de pension sont distribués par le Hamas aux familles dont l'un des enfant accepte de se sacrifier à la Cause.

Voilà aussi la réalité de la vie à Gaza... Il faut avoir assisté au défilé de gamins et de gamines de 10 ans, le front ceint du bandeau vert, la poitrine barrée par une Kalachnikov en bois, ou le ventre ceint de vrais bâtons d'explosifs, psalmodiant les versets du Coran, entrecoupés de slogans anti-sionistes, anti-israéliens et anti-américains pour avoir froid dans le dos et se dire que même pour cette génération d'innocents, la seule et unique perspective d'avenir réside dans le sacrifice humain suprême et que dès lors, toute tentative de geste de paix ne peut-être que voué à l'échec, d'autant que la réalité ne leur offre que larmes et souffrances, sang et sueur alors que le sacrifice ouvre la voie du Paradis.

Aussi, dans un tel contexte – sciemment entretenu par le Hamas, comme par Israël – il est inévitable que les affrontements se perpétuent. Les provocations continuent et que de temps à autre, une opération militaire soit déclenchée au grand dam de nos bonnes consciences européennes, intoxiquées par une presse largement partiale et partisane.

Dernièrement, pour nous autres européens et occidentaux, la situations pouvait sembler être « presque calme » dans cette région... c'est que la presse avait les yeux braqués vers l'Amérique où un afro-américain accédait au poste suprême. Or l'institution américaine avec son temps de latence entre l'élection et la prise de fonction laisse la porte ouverte à tous les excès dans le monde, surtout là où les Américains ont l'habitude d'intervenir. C'est ainsi que, fort des déclarations d'Obama sur le futur retrait d'Irak, de ses soutiens de campagne où le lobby israélite a été particulièrement absent, une crise financière internationale qui laisse ce même lobby exsangue, quelques mouvement politico-religieux ont su profiter de l'occasion pour tenter le tout pour le tout.

Depuis plus d'un mois, le Hamas a fait lancé une série « d'offensives artisanales » à partir de la bande de Gaza vers différentes localités israéliennes qui reçoivent sans préavis, ni alerte, des volées de roquettes plus ou moins destructrices, dévastatrices et « heureusement » assez peu meurtrières mais instaurant un climat d'instabilité et de dangers permanent peu propice au développement de la vie quotidienne et qui ne font qu'envenimer les relations entre toutes les parties présentes dans cette région.

Curieusement, la montée en puissance de ces attaques est liée à la fois à une période de calme (trop de calme tue le calme) et d'ouverture des frontières entre la bande de Gaza et Israël. Il faut dire que les raisons économiques israéliennes demandaient l'utilisation de main d'œuvre palestinienne ce qui arrangeait tout le monde. Tout le monde ? Non, sauf le Hamas qui voyait s'étioler son pouvoir et son ascendant, d'où les « volées de roquettes à destination des Kibboutz » voisins de la Bande de Gaza. Mais les premières réactions israéliennes n'ont pas été à la hauteur des espérances (en terme de violence) des responsables du Hamas qui a accentué ses tirs pour faire monter la pression jusqu'à ce que son voisin excédé finisse par se fâcher pour de bon et réagisse enfin avec cette « violence disproportionnée » selon les dires des principaux médias occidentaux qui sont loin de cette violence quotidienne.

Le Hamas a aussi profité de l'absence des Américains de la scène internationale, de cet immobilisme dans lequel la phase de transition les plonge. Le Hamas a aussi profité de la crise économique qui mobilisait toutes les énergies politiques du monde entier pour rallumer la mèche de la discorde qui semblait sur le point de s'éteindre...

Alors, c'est vrai, que la riposte aujourd'hui peut sembler particulièrement disproportionnée, roquettes artisanales contre chars lourds, aviation et obus... Mais les roquettes ne sont pas si artisanales que le Hamas ne voudrait le faire croire... Un grand nombre arrive directement d'arsenaux d'anciens pays du bloc soviétique et était destiné à alimenter les fameux « orgues de Staline », les « katyusha ». D'autres arrivent par des voies détournées et sont directement issues d'Irak, voir même d'Iran et sont payées chèrement au « marché noir de l'armement international »... Mais avec quel argent ?

A la veille de l'arrivée d'un nouveau président aux États-Unis, pour relancer ses propres forces et sa propre mobilisation, le Hamas avait besoin d'organiser une nouvelle opération où il reprenait en main ses troupes, déstabilisait la région et tentait le tout pour le tout pour isoler Israël et pousser son armée à employer de grands moyens face à des populations « démunies de tout »...

Et Israël est tombé dans le panneau.

Nous sommes tous tombés dans le panneau. Nos dirigeants, nos diplomates, occupés par les préparatifs de passation de pouvoirs ou la crise économique, personne n'a rien vu venir et tout le monde maintenant de courir au feu pour tenter d'éteindre l'incendie. Mais c'est déjà trop tard. Une fois encore, c'est raté.

Il n'est pas question, ici, d'excuser quiconque ou de jeter la pierre (enfin, façon de parler) sur tel ou tel partie belligérante. Cette région, de toutes les façon, est vouée à rester une terre de combats où aucune paix ne pourra venir être scellée.

Il faut, par contre, être conscient des enjeux et des jeux qui se trament sur le terrain et arrêter de nous faire croire que d'un côté il existe des « anges » et de l'autre des « méchants »...

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